Le Quatrième Monde se répand, pervers polymorphe issu des machines sociales du vingtième siècle. L'accouchement n'est pas terminé, l'économie-schizophrène a du mal à passer. Le cathéter injecte son dollar-péridural. Perte des fonctions motrices, l'industrie-prothèse ne répond plus. Monde-tronc, coincé dans sa matrice-époque, cherchant ses membres. Comment ça marche un corps déjà?
Rééducation-protectionniste, retour en arrière sur fond techno-invasif. Homme-interface, Serveur identitaire. Connexion. Accès au Réseau-exhib. Les pantins s'agitent, le Monde suffoque. Les pantins se dandinent dans une danse frénétique, mouvements improbables, transpiration-IP. Un pantin tente de s'infiltrer dans le salon communautaire, le pare-feu le détecte et l'intercepte. Le pantin errant est isolé, il prend alors conscience de ses gestes, il lève la tête et découvre ses fils, connexions infinies s'élevant par delà la voûte du Réseau. Éveil. La lame tombe, la tête roule, le robogiciel-sécurité exécute ses tâches programmées. Serveur stable. Les pantins s'agitent, le Monde suffoque.
Le signal se brouille, l'image se déforme, les pantins se tordent, les corps se découpent entre les trames, mise en mémoire tampon, sauvegarde temporaire. Le Monde ouvre les yeux. Cri. La douleur s'intensifie, insupportable, coupure des neurotransmetteurs. Silence. La césarienne-consommation est engagée. Le Monde observe sans bruit, les entrailles renfermant son corps pris au piège se séparent, calme vacarme. Les lèvres gigantesques s'écartent, sourire grotesque découvrant son corps figé. Incapable du moindre mouvement, se laissant extraire de ce corps exsangue, le Monde est terrorisé, première vision consciente, blessure infantile. Rejet.
Électrodes-implants, reconstruction des données perdues, mise en place d'un canal sécurisé. Connexion. Accès au Réseau-Monde. Vide. Âmes errantes sous endorphine-dégénérative. Apathie. Tentative de communication rejetée. Injection de méta-dopamine. Mode réalité augmentée activé. Cette nouvelle puce-cerveau russe fait des merveilles, on accède instantanément à la perception élargie, permettant de craquer la plupart des pare-feux sensoriels. C'est ici que j'ai décidé de m'installer, pendant un moment en tout cas, les vers-agents finissent toujours par nous retrouver, nous obligeant à nous déplacer de nouveau, messagers nomades d'un univers virtuel en perpétuelle expansion. Ici Je vais pouvoir me remettre au travail, tenter de reprendre contact avec Eux, continuer d'être, exister encore. Subsistance.